Tchétchénie...Vous avez dit Tchétchénie?

"Tchétchénie : on sait"

"C'est ansi que Grozny, 400000 habitants, moitié russes moitié caucasiens, fût réduite en poussière. Imaginez Alger, ses pieds-noirs et ses indigènes disparaissant sous une déferlante de bombes francaises aux bonnes heures de la guerre coloniale! Ou Kaboul rasée par les GI pour débusquer les talibans. Ce qu'on n'ose concevoir chez nous serait la règle acceptable en Russie?"

"Malgré le huis clos, nul responsable occidental n'ignore qu'en matière d'inhumanité le pire du pire s'abat aujourd'hui sur une parcelle minuscule du Caucase".

"En refusant toute négociation, en s'acharnant sur des gens qui n'ont pas plié depuis des siècles, Poutine joue les pompiers pyromanes, son antiterorrisme prétendu alimente les vocations kamikazes, il risque de creuser sa tombe et la nôtre".

"Notre souveraine indifférence plombe toute velleité d'inquiétude ; tant que le malheur n'a pas lieu il n'existe pas, et quand il existe il n'y a plus lieu de s'en soucier. Nos responsables pensent au jour le jour, ils ne dissimulent rien, ils sont tels qu'ils paraissent, rivalisant d'amabilité, ravis de figurer avec Poutine sur la photo de famille. Le Kremlin achéte des Airbus, caresse la zone euro, propose d'abriter nos déchets nucléaires, fait miroiter son pétrole et son gaz : laissez donc assassiner en rond. Si quelques Cassandre s'inquiete, censure à l'Est, quolibets à l'Ouest".

Extraits de la préface du Monde 2 de décembre 2002 par André Glucksmann.